Généralités sur l'éducation canine

 

Pourquoi éduquer son chien ?

 

Pour plusieurs raisons, mais pour faire (très) court : notre confort, son confort, notre sécurité, sa sécurité !

On peut rajouter : Pour que "le meilleur ami de l'homme" ne devienne pas son pire ennemi !

 

Le chien est un animal social. Laissé à l’état sauvage, il vit spontanément en meute avec ses congénères, comme ses ancêtres l’ont toujours fait. Son comportement actuel est par nature resté adapté à ce genre de vie en groupe. Il aime faire partie d’une communauté, que ce soit auprès de ses congénères ou aux côtés d’une famille humaine.

Il côtoie l'Homme depuis des millénaires, vivant auprès de lui dans une alliance bénéfique aux deux espèces : L'Homme lui offrait protection et nourriture, et le chien, de son coté, servait l'Homme de diverses façons, par exemple en chassant pour lui, en protégeant ses troupeaux, en montant la garde...etc

 

Le chien a besoin d'interagir avec ceux qu'il considère comme étant son groupe de référence et, même si de nombreux chiens n'ont plus de fonction de "travail", la complicité et la communication qu'ils ont avec leur famille humaine apporte un équilibre nécessaire à leur bien-être.

 

Afin d'assurer sa sérénité, son équilibre psychologique et de lui permettre de s’intégrer dans son groupe social (la famille humaine et les autres animaux du foyer), il va donc falloir l’éduquer, ce qui va bien au-delà de la simple notion de dressage.

L'éducation permet aussi de renforcer la complicité avec le maître : lui donner des ordres, lui parler, lui donner quelque chose à faire, même si ce n'est pas réellement utile, apporte un sentiment de satisfaction au chien.

 

D'autre part, l'éducation est nécessaire pour la sécurité du chien et le confort du maître : Il est bien utile de pouvoir arrêter son chien qui s'apprête à traverser la rue d'un simple "couché" ou de le rappeler d'un "viens" avant qu'il ne passe sous un bus !

Le maître bien habillé pour aller travailler sera content que son chien ne lui saute pas dessus juste après avoir joué dans la boue ou qu'il ne bave pas sur les genoux des invités à table...

Laisser son chien sans cadre et sans limites, c’est le mettre en situation d’insécurité. Les interdits font donc partie des limites à poser et fixer pour garantir la sécurité du chien et surtout sa bonne intégration au sein de notre société.

 

Quelle est la différence entre dressage et éducation ?

 

Pour faire court : L'éducation c'est l'apprentissage de la vie à la maison, en famille, du code des bonne manières pour vivre en société.

Le dressage, c'est un apprentissage spécifique à une utilisation précise qui vise à rendre l'animal utile (chiens guide d'aveugles, chiens d'avalanche, chiens de chasse ...)

 

L'éducation positive

 

Depuis quelques dizaines d'années, la façon d'éduquer le chien a largement évolué : on ne parle plus de relation d'autorité entre le maître et le chien, le chien n'est plus relégué en dernière position au sein de la famille humaine, celui qui n'a que le droit d'obéir aveuglement à tous les ordres aboyés par un maître supérieur dans la hiérarchie.

 

Avant, le chien devait absolument manger après le maître sinon, il allait se prendre pour le dominant à la maison, de même il ne devait pas monter sur les fauteuils, le canapé et surtout JAMAIS sur le lit sinon il deviendrait un monstre tyrannique prêt à croquer son maître à la première occasion ! On disait au maître "si ce n'est pas vous qui dominez, ce sera lui ".

 

On partait du principe que le chien fonctionnait comme le loup et, sachant que les loups forment une société fortement hiérarchisée, on partait du principe que le chien était pareil, oubliant au passage que :

  • Le chien n'est pas un loup ! Il font partie de la même famille (canidae) du même genre (canis lupus), mais la lignée du chien s'est différenciée génétiquement du loup au contact de l'humain il y a environ 100 000 ans, devenant peu à peu la sous-espèce canis lupus familiaris : le chien domestique.
  • A l'état sauvage, les chiens ne forment pas de grandes meutes hiérarchisées comme le loup, mais restent en petits groupes, généralement errants, où il y a certes une certaine hiérarchie, mais nettement moins définie.
  • Le chien sait que sa famille humaine n'est pas composée de chiens et si les relations hiérarchisées existent toujours entre chiens, cette hiérarchie est inexistante entre chien et humain, il n'y a pas de hiérarchie inter espèces.

L'éducation du chien était basée sur des méthodes coercitives : S'il obéissait il était récompensé, sinon il était puni ! La carotte et le bâton en somme !

La méthode était certes efficace et rapide, le chien apprenait à obéir, mais bien souvent ce n'était pas par plaisir, mais par peur de se faire corriger.

 

Ces dernières décennies, les éthologues ont fait de nombreuses découvertes en cognition animale, ils ont étudié les interactions du chien avec son milieu et se sont aperçu qu'il faut aussi prendre en compte la perception que cet animal se fait des situations rencontrées ainsi que les émotions qu'il éprouve à leur sujet.

Le chien est donc un animal opportuniste qui, par nature, ne va que vers ce qui lui procure satisfaction et qui cherche par tous les moyens à réitérer le comportement qui lui a permis d’obtenir sa récompense.

 

Une méthode d'éducation basée sur ces faits a vu le jour, respectant la nature profonde du chien, travaillant avec lui, de manière cohérente afin d'obtenir une relation basée sur la confiance : c'est l'éducation positive.

 

On remarque ainsi, avec l’utilisation de cette méthode, qu’il est beaucoup plus efficace de renforcer et récompenser ce qui est bien, plutôt que sans cesse pointer du doigt les erreurs commises. On joue davantage sur la motivation que sur l’inhibition,

On va renforcer les bons comportements et ignorer les mauvais. En procédant ainsi, on invite et on motive notre chien à reproduire un comportement qui lui a déjà apporté une conséquence positive dans le passé.

 

Pour résumer : C’est, tout simplement une méthode qui permet au chien de bien faire car il faut comprendre que le chien n’a pas demandé à être à vos côtés, que ce n’est pas un meuble, qu’il a des émotions et surtout des instincts ! Donc, il faut essayer de vivre en harmonie avec lui, essayer de le comprendre et ne pas le voir comme un être servile qui doit deviner tous vos caprices.

 

 

Comment faire, quelles sont les règles ?

 

Il faut tout d'abord trouver ce qui va motiver votre chien, ce qui lui fait le plus plaisir... friandises (le plus souvent, mais pas toujours), des jouets, un gros câlin...etc. Parfois de simples caresses sous le menton, le long des épaules, le dos, les flancs suffisent. Le tout c'est de lui apporter du bien-être.

 

Les règles pour réussir :

 

  • Règle N° 1 : Vous devez être assidu, cohérent et régulier. Vous ne devez pas prendre l'éducation de votre chien à la légère. En effet, moins vous y mettrez de la bonne volonté plus ce sera compliqué car votre chien sentira votre manque d'enthousiasme, voire votre énervement et le lien de confiance qui est en train de se créer sera perdu.
  • Règle N° 2 : Les séances de dressage doivent être brèves et agréables. Il vaut mieux faire six séances de cinq minutes qu'une seule séance d'une demi-heure chaque jour car les chiens ont une capacité de concentration relativement courte et vous risquez de le lasser si vous faites des séances trop longues. Chaque chien a son rythme d'apprentissage, respectez-le, n’allez pas trop vite.
  • Règle N° 3 : Ne mettez jamais le chien en situation d'échec, veillez à ce que toutes les conditions soient réunies pour qu'il réussisse ce que vous lui demandez. Si vous sentez que c'est trop dur pour lui, revenez à un exercice plus facile. Soyez patients, adaptez-vous à son rythme.
  • Règle N° 4 : N'entamez pas une séance de dressage si vous êtes de mauvaise humeur, trop fatigué(e), énervé(e) : vous risqueriez de transmettre votre stress à votre animal ou manquer de patience lors des exercices.
  • D'autre part, il faut que votre chien soit "disponible". Il faut qu’il soit réceptif aux informations que vous allez lui donner. Si vous sentez qu'il est énervé, qu'il est trop fatigué (lui aussi, ça arrive à tout le monde !), qu'il a envie qu'on le laisse tranquille, n'insistez pas : contentez vous de lui faire réussir un petit exercice facile et arrêtez.
  • Règle N° 5 : Toujours terminer les séances de dressage sur une note positive avec un exercice que votre chien peut comprendre aisément ; vous finirez ainsi avec une impression de réussite.
  • Règle N° 6 : Les ordres doivent être brefs. Les mots doivent être courts. Dites : "Viens !" mais évitez : "Tu sais, maintenant il faut venir, on va rentrer." Les maîtres ont souvent l’impression de se montrer secs en étant brefs. Mais un seul mot peut être dit de façon très douce. Un ordre trop long ne sera pas compris.
  • Et utilisez toujours le même mot pour la même demande, veillez à ce que toute la famille utilise les mêmes termes pour parler au chien.
  • Règle N° 7 : Les séances d’apprentissage doivent se faire dans un endroit calme, sans trop de stimulations environnantes. Dans un premier temps, privilégiez ainsi des leçons en intérieur (votre salon par exemple) plutôt qu’en extérieur (sauf si c’est votre jardin et qu'il est très calme). Travailler dans des lieux où il y a des distractions ne sera possible que quand votre chien aura progressé.
  • Règle N° 8 : L'éducation  doit toujours être basée sur la récompense : des friandises, des jouets et des caresses. Les techniques négatives, compulsives, basées sur les punitions, sont cruelles et elles ne fonctionnent pas. Évitez les colliers étrangleurs ou en chaîne car vous risqueriez de blesser le cou de votre chien. N'utilisez JAMAIS de collier à pointes !!!
  • Règle N° 9 : l’apprentissage, c’est bien … mais il n’y a pas que ça ! Vous devez toujours permettre à votre chien de se dépenser physiquement, le promener afin d'entretenir sa santé physique et mentale.
  • Règle N° 10 : il n’y a pas d’âge pour apprendre. Bien entendu, un chiot assimilera beaucoup plus vite les nouvelles indications (tout comme un enfant humain) mais sachez qu’un chien de n’importe quel âge peut encore apprendre. C’est bien évidemment plus long (et encore … pas toujours), mais il faut simplement adapter la technique d’apprentissage à chacun, et le résultat final sera le même.

De même il n'y a pas de cas désespérés, même le chien le plus traumatisé, ou le plus agressif peut être en grande partie "récupéré", à condition évidemment que la raison ne soit pas physique (une tumeur au cerveau par exemple).

 

Et alors... Le chien n'en fait qu'à sa tête ?

 

L'éducation positive n’exclue pas l’apprentissage de la gestion de la frustration, de l'auto-contrôle, du renoncement mais aussi de l’interdit. Éduquer son chien c’est aussi savoir lui dire "non". A la suite de l'interdiction, on va rediriger le chien vers un comportement souhaité plutôt que simplement lui dire de ne pas adopter cette attitude.

 

L'éducation positive n'est absolument pas permissive, bien au contraire elle doit poser des limites claires, c'est juste qu'on ne le fait pas avec brutalité.

 

L'éducation doit se faire avec respect, en utilisant les capacité naturelles du chien pour lui faire comprendre ce qu'on souhaite obtenir de lui, en lui laissant toutes les possibilités de réussir. Ça n'empêche pas de se fâcher parfois, de prendre "la grosse voix", voire même de le punir, mais la punition doit rester rare et ne se fait JAMAIS avec brutalité. D'ailleurs, si on parle toujours d'une voix douce ou enjouée à son chien, une voix plus forte, plus sèche suffit souvent à le rappeler à l'ordre en cas de besoin.

 

Si vous avez vraiment du mal à vous faire obéir, avant de le punir réfléchissez pourquoi il n'obéit pas, remettez-vous en question et attention de ne pas tomber dans l'anthropomorphisme. Bien souvent il y a une raison toute simple : L'ordre n'a pas été compris, vous avez utilisé des mots trop longs (l'ordre doit toujours être bref), quelque chose lui fait peur...

 

...et parfois, il faut juste se montrer plus persévérant !!!

En conclusion :

 

Il y a le maître dominant, l'alfa, celui qui aboie des ordres à un chien parfaitement soumis qui obéit au doigt et à l’œil. Un chef de meute fier du pouvoir qu'il a sur son chien (OK, j'avoue, je caricature un peu).

 

Il y a le maître permissif qui, par manque de connaissances ou par manque de motivation n'éduque pas son chien du tout, le laissant livré à lui-même et qui souffre autant que son chien de cette situation : les promenades sont un calvaire, le chien finit relégué dans le jardin en permanence car il fait trop de bêtises dans la maison. Il a "tout essayé", ce maître-là, c'est juste que son chien est "trop bête" qu'il "ne comprend rien".

 

Et il y a le maître qui fait preuve d'anthropomorphisme à outrance, qui traite son chien comme s'il était humain, lui prêtant des sentiments et des réactions d'humain, oubliant que son chien est... un chien. Ce maître-là ne comprend pas pourquoi son chien a des problèmes de comportement.

 

Malheureusement, les deux derniers cas se terminent bien souvent par un abandon, le chien devenu encombrant car il ne correspond pas à l'idéal rêvé par un maître qui refuse de se remettre en question.

 

...Alors qu'il suffisait de prendre la peine de comprendre le chien et de l'éduquer avec patience, respect et amour !

 

Éduquer un chien ce n'est pas pour lui faire "faire des tours" pour amuser la galerie, mais pour créer un lien avec lui afin de vivre sereinement cette merveilleuse relation.