Et si on parlait un peu...
Cet article est un peu différent des autres, un peu à part ; il est plus personnel tout simplement parce que le conseil que je vais vous donner ici, vous ne le trouverez que rarement dans les manuels d'éducation canine, les blogs, les sites, les pages...
Vous êtes prêts ?
Voici le conseil : PARLEZ À VOTRE CHIEN !
Voilà !
Oui c'est tout !
Bon d'accord, je développe un peu : Parlez-lui beaucoup, racontez-lui votre journée, dites-lui qu'il est beau, que vous l'aimez, expliquez lui ce que vous êtes en train de faire... N'importe quoi finalement, du moment que vous lui parlez.
N'ayez pas peur d'être ridicule, à ses yeux vous ne l'êtes jamais et de toute façon, au début, il ne comprend pas un traître mot de ce que vous racontez et par la suite, il est juste content de retrouver les mêmes phrases, les mêmes sonorités, les mêmes intonations.
Vous comprenez le principe ?
Eh ben voilà, c'est aussi simple que ça !
Allez, maintenant, je vous explique :
Tout éducateur canin (moi la première) vous expliquera qu'il faut utiliser des mots courts, brefs, concis pour donner un ordre à un chien car il ne peut pas comprendre les longues phrases. C'est vrai ! Bien sûr que c'est vrai.
Mais en lui parlant beaucoup vous allez créer un lien avec lui, vous l'encouragez à être à l'écoute, à être attentif à votre voix et, avec le temps, à condition d'utiliser toujours les mêmes expressions, les mêmes mots, les même petites phrases avec les mêmes intonations (très important !), vous renforcez sa capacité à vous comprendre et vous développez une complicité avec lui.
Mais sinon, comment les chiens communiquent-ils entre eux ?
Le chien perçoit son environnement externe d'après les stimuli qu'il est capable de recevoir et qui sont légèrement différents des nôtres.
Les chiens ont les mêmes organes des sens que nous ; après tout, ne l'oublions pas : comme eux, nous sommes des mammifères. Mais certains organes sont plus développés chez le chien, d'autres le sont moins, c'est pourquoi la communication homme/chien est souvent perturbée car nous avons tendance à anthropomorphiser nos animaux de compagnie.
Voyons cela en détail :
La communication olfactive
L'odorat du chien est particulièrement performant, bien plus que le notre !
L'olfaction chez le chien joue un rôle essentiel dans la communication, elle permet de communiquer à distance, notamment grâce aux phéromones.
La sécrétion des phéromones est :
La communication visuelle
Chez le chien, la communication visuelle permet de donner des renseignements utiles au récepteur sur :
Le plus souvent, les signaux visuels sont complétés par d'autres signaux. La communication fait alors appel à tous les organes des sens : en psychologie humaine, on parle de métacommunication.
La communication visuelle se fonde sur :
La communication sonore
Elle est destinée :
Comparativement aux canidés sauvages, les chiens domestiques présentent un répertoire vocal étendu, probablement engendré par sa proximité avec l'homme.
Il possède en outre une ouïe extrêmement fine.
La communication sonore se fait par l'intermédiaire :
Le plus souvent, les signaux acoustiques en complètent d'autres faisant ainsi appel à tous les organes des sens.
L'anthropomorphisme pousse certaine maîtres à différencier certains sons en fonction d'une interprétation ; ceci est sujet à caution. En bref, n'attribuons pas à chaque son une signification précise.
La communication tactile
La communication tactile est une forme de communication importante dans la relation homme/chien ; elle est fréquemment utilisée dans les relations interspécifiques, car semblable chez la plupart des mammifères.
Pendant le développement comportemental, la communication tactile est primordiale.
Chez l'adulte, la communication tactile complète plutôt d'autres communications et, en particulier, la communication olfactive et phéromonale.
Le contact a un rôle anxiolytique important chez tous les mammifères (dont nous, les humains).
Lorsqu'un chien a peur, il vient d'ailleurs souvent se réfugier au contact de son maître. Bien sûr, il se sentira également plus fort par cette coalition.
Chez le chien la communication tactile a aussi un rôle hiérarchique qui complète le rôle anxiolytique, car il permet de situer chacun dans sa position, en complément des signaux visuels tels que la position du corps ou les gestes.
Lors d'une dispute, le gagnant peut répondre aux signaux d'apaisement du perdant en le léchant pour lui montrer que "la discussion" est terminée.
A ce sujet : Attention à l'idée reçue qu'un chien qui mord un humain et qui le lèche ensuite, lui demande "pardon". Ce n'est pas du tout ça ! Mais alors... PAS DU TOUT !!!
En léchant la personne mordue, le chien cherche à réduire les tensions et mettre fin au conflit, mais il n'y a aucune repentance.
Cherchez plutôt pourquoi il vous a mordu : avez-vous ignoré son grognement ? Lui avez-vous fait mal ? L'avez-vous surpris alors
qu'il dormait ?...
Lui parler c'est bien, mais il faut aussi savoir l'écouter !
Alors, comment allons-nous communiquer avec notre chien ?
Si on voulait vraiment communiquer avec notre chien à la façon d'un chien, il nous faudrait : un odorat plus développé, nous déplacer à quatre pattes et pouvoir remuer du popotin (à défaut de remuer notre coccyx), des oreilles mobiles et l’ouïe plus fine, faire pipi à des endroits stratégiques dehors, être prêts à avoir des poils pleins la langue après avoir léché notre chien pour l'apaiser... etc
Bon, je crois que nous sommes d'accord : ça ne va pas le faire !
Alors que nous reste-t-il pour rentrer en communication avec lui ?
La communication sonore (verbale dans notre cas), la communication visuelle et gestuelle et la communication tactile.
Concrètement, la communication tactile, visuelle et gestuelle vous voyez ce que c'est : vos gestes de la main, votre regard vers lui, la position de votre corps, le contact au travers de la laisse (la moindre traction sur la laisse peut le faire réagir, vous lui transmettez ainsi, par exemple, votre stress quand vous craignez la rencontre avec un autre chien), les caresses... etc
Mais la communication verbale ? Et là on en revient au thème de l'article.
J'ai dit au début qu'il fallait parler beaucoup au chien, oui, mais pas n'importe comment ! Il y a quelques petites règles à respecter :
Il ne s'agit pas de monologuer dans son coin, il faut lui montrer qu'on lui parle, surtout au début, même quand vous êtes occupés à autre chose : une petite caresse de la main, un regard... faire attention à lui quoi.
Utilisez fréquemment les mêmes mots, expressions, onomatopées, petites phrases régulièrement au milieu de tout ce que vous lui racontez, ça maintien son attention en éveil.
Par exemple, vous lui racontez :"Bon allez, il faut que je fasse la vaisselle. Oh bah dis donc, t'as vu ça ?".
Si le "Oh bah dis donc" et le "t'as vu ça ?" reviennent régulièrement, notamment lors d'événements particulièrement intéressants pour lui, le chien finira par les reconnaître, même perdus au milieu de votre discours. Gardez toujours le même ton pour les parties familières de la phrase, lancez un petit coup d’œil à votre chien en parlant. Vous allez voir qu'avec le temps, quand vous prononcez 'Oh bah dis donc" ou "T'as vu ça ?" ses oreilles vont se dresser, sa tête va s'incliner sur le coté : il sait que vous lui parlez, il vous écoute.
Joignez l'utile à l'agréable : quand vous vous déplacez dans la maison, n'hésitez pas à lui dire "Attention, pousse-toi" s'il est dans votre passage, il comprendra rapidement qu'il doit se garer quand vous arrivez avec un plateau rempli de verres. "Allez passe" ou "tu montes ?" (sur le fauteuil)... autant de petits bouts de phrases qui deviennent des commandes avec le temps.
Mais pour vous faire comprendre de lui vous ne devez pas oublier que vous parlez quand même à un chien, donc la conjugaison, les accords, le complément d'objet direct, la grammaire en général, il n'y comprend rien et ça ne l'intéresse pas. Vous devez donc simplifier un maximum pour vous mettre à sa porté.
Zaza et Wiwyn
Pour mieux vous expliquer, je prends mon cas personnel en exemple, ce sera plus simple :
J'ai deux galgas de sept ans nommées Isadora et Elwyn.
Inutile de dire qu'elle ne connaissent pas leur jolis noms. En effet, dès qu'elles sont arrivées à la maison j'ai utilisé des diminutifs (choix personnel inspiré surtout par ma fainéantise !). Elles répondent donc au noms de Zaza et Wiwyn.
Quand j'appelle Zaza, elle arrive, de même pour Wiwyn. On peut donc dire qu'elles connaissent leurs noms. (Et encore, on peut se poser la question sur le fait que le chien a véritablement conscience d'une identité personnelle, ou est-ce que ce que nous appelons "son nom" correspond juste pour lui à une sonorité qui lui inspire quelque chose d'agréable ? A méditer...)
Mais quand je veux que les deux arrivent il me suffit d'appeler "Les filles" pour les voir accourir toutes les deux.
Alors, mettons-nous d'accord dès le départ : elles ne savent pas qu'elles sont des filles (d'ailleurs elles ne le sont pas, ce sont de chiennes !), mais elles ont associé ce mot à la même chose que lorsque je les appelle par leurs noms. Je dis bien "ce mot" car elles entendent "léfille". Elles s'appellent donc Zaza, Wiwyn et, pour toutes les deux, Léfille.
D'autre part, quand je leur demande de venir, ça se traduit par "Tu viens les filles ?" (tuvien Léfille) Eh bien oui, si je m'exprime correctement ça devrait donner :" vous venez les filles ?" (ou "vouvnez léfille ?"), mais "vouvnez" ne ressemble pas assez au "tuvien" que je prononce pour une seule, elles risquent de ne pas comprendre, donc je garde "tu viens".
D'ailleurs, pour cette raison, je garde le "tu" pour toutes les phrases qui impliquent les deux filles : "tu veux ça les filles ?"
De toute façon, les chiens sont tellement égocentriques qu'ils sont toujours persuadés que c'est à eux qu'on s'adresse !!! LOL
De même pour "s'promener", mot qui déclenche des gesticulations d'allégresse chez beaucoup de nos compagnons, ce mot est à utiliser tel quel : "tuveu s'promener Léfille ?"
Vous verrez, c'est un bonheur d'oublier les cours de grammaire de notre enfance pour le plaisir et la compréhension de nos compagnons à quatre pattes !
Vous remarquerez que j'utilise rarement l'impératif, je préfère leur demander si elles veulent bien faire ce que je propose. C'est juste un choix personnel, je ne prétends pas que dire "tu viens ?" est mieux que "viens".
Donc...
Vous devez :
Ne parlez pas à votre chien...
Par moments votre chien va avoir besoin de se retrouver seul dans sa tête de chien, avec ses mécanismes de chien et sa programmation bien à lui.
Voici quelques moments où vous devez apprendre à vous taire :
Parlez-lui le moins possible en cas d’hyper-attachement, mais ça c'est un autre sujet et nous l'étudierons en détail dans un prochain article...
Allez je vous laisse, faut que j'aille s'promener avec Léfille...